Les édifices militaires médiévaux
Nous avons évoqué les forteresses créées par Gaston VII pour protéger la capitale Orthez. Bellocq et Labastide-Villefranche offrent de beaux restes de ces constructions médiévales : elles sont élevées, massives, les ouvertures sont peu nombreuses et étroites (prévues pour les armes de jet comme l’arbalète).
La protection des bastides est souvent assurée, à l’instar de villes plus importantes, par des palissades et des portes fortifiées, qui étaient à la charge du vicomte, comme le stipulent plusieurs chartes. L’un des meilleurs témoignages est la porte de Gan, construite au 14e siècle.
Peu après son intronisation en 1343, Gaston Fébus revendique l’indépendance du Béarn. Par la suite, il a des raisons de redouter une riposte du duc d’Aquitaine-roi d’Angleterre et par ailleurs se méfie d’une possible contre-offensive des Armagnacs. Il va dresser des forteresses militaires, notamment à Vielleségure, il renforce celle de Labastide-Villefranche après la fondation de ces bastides. Hors des bastides, impossible d’évoquer Gaston Fébus sans mentionner par exemple Montaner, le château de Pau, ou plus à l’est Mauvezin.
Les cités ‘bastionnées’ : Navarrenx
Les voies de transit passant par Navarrenx et franchissant le gave, d’abord sans doute par un gué, ont été protégées de longue date, une forteresse, la Castérasse, existe dès le 12e siècle et est aujourd’hui détruite. Une charte du 12e siècle prévoit un marché et un pont en pierre, dispositif luxueux pour l’époque et témoignant de l’importance accordée au trafic commercial à cet endroit et aux pèlerinages.
En août 1316, la ville est érigée en bastide par la vicomtesse Marguerite. Le rôle militaire persiste et, suite à une défaite, des remparts sont édifiés vers 1540, faisant de cette ville la première ville complètement bastionnée de la France actuelle. Le développement de la cité bastionnée a remodelé l’habitat et il n’est pas complètement sûr que les rues actuelles soient le reflet des rues médiévales. Cette fonction militaire s’est maintenue jusqu’au 19è siècle, ce qui explique l’état de conservation remarquable de ces remparts du 16e siècle.
La comparaison entre les forteresses médiévales et les remparts de Navarrenx témoigne de l’évolution des techniques militaires à partir du 16e siècle. L’apparition du boulet métallique oblige à prévoir une architecture nouvelle : les remparts sont peu élevés, sans créneaux (trop fragiles), des ouvertures sont prévues pour les canons, le chemin de ronde est large pour permettre leur installation en sommet de remparts, et surtout le plan en étoile évite les angles morts.
Hors des bastides, une autre cité bastionnée remarquable est Saint-Jean-Pied-de-Port en Pays basque : elle est construite en 1625, et est donc plus tardive que Navarrenx, mais témoigne elle aussi d’un art militaire déjà en place avant Vauban, alors que se dessinent les contours de la France actuelle.