L’évolution des bastides dans l’actuel département des Pyrénées-Atlantiques

La moitié orientale du département des Pyrénées-Atlantiques était occupée au Moyen Age par une importante seigneurie : le Béarn, rendu célèbre par Gaston Fébus dans les années 1350/1400. Des courants commerciaux importants et les pélerinages y ont produit une intense activité. La capitale est ainsi transférée à Orthez, il s’en suit la création de premières bastides du Béarn par le vicomte Gaston VII Moncade vers 1280.

Mais à partir de  1302, sa fille et héritière Marguerite s’emploie à développer l’est de la vicomté, elle recourt pour ce faire à de nouvelles méthodes.

Carte 64

Les bastides du département des Pyrénées-Atlantiques

Les bastides dans la vicomté du Béarn

Avant les bastides, les vicomtes de Béarn ont créé différentes villes nouvelles (Oloron, Orthez…). Ils utilisent le modèle “bastide” un peu plus tard que dans les principautés voisines.
Quand on suit sur la carte l’emplacement des bastides qu’ils ont créées successivement, on remarque que leur stratégie d’aménagement du territoire a évolué : au long de cette période, plusieurs modèles de plans se sont en effet succédés.

Gaston VII Moncade

Vers 1250, une résidence a été établie à Orthez, promue par une charte en ville majeure de la vicomté, à tel point que le vicomte du Béarn y déplace sa capitale qui était anciennement Morlaàs. Ce transfert est sans doute motivé par le souhait de se rapprocher d’axes de transit commercial vers l’Espagne.

Aménagement du territoire sous Gaston VII

Carte Béarn vers 1280

Pour défendre sa nouvelle capitale, Orthez, le vicomte Gaston VII crée la bastide de Bellocq, et peu après celle de Labastide Villefranche. Il est en conflit récurrent avec son suzerain, le roi d’Angleterre. Ce secteur avait été conquis quelque temps auparavant sur Dax.

Les bastides sous Gaston VII

La famille Moncade est d’origine catalane ; le vicomte utilise sous le nom de bastide une formule qui a fait ses preuves en Espagne, celle des villas nuevas. Pour une fonction d’appui logistique à des postes militaires, ces bourgades n’ont pas besoin à ses yeux de marché important, ni peut être d’artisanat diversifié. Alors que les grandes places étaient déjà fréquentes dans les bastides des principautés voisines, la place est ici absente. Ce choix contraste avec les réformes mises en place par Gaston VII pour moderniser son territoire (institution du notariat en 1256 par exemple). Bellocq est construite près d′une rivière, mais en léger surplomb pour une meilleure surveillance du cours d’eau proche.

Bellocq, vue aérienne

La bastide de Bellocq, contigüe de la forteresse qui contrôle le gave.

Deux ans après la mort de Gaston VII en 1290, sa fille Marguerite crée Labastide-Villefranche ; elle adopte des dispositions comparables à celles de Bellocq : situation en léger surplomb par rapport à une rivière pour contrôler les arrivées éventuelles vers Orthez. Une petite place existe actuellement.

Peut-être à la même époque (vers 1280-1300?), une bastide est prévue vers l′est de Pau à côté du château de Durfort, qui contrôle un gué sur des voies de transhumance. La place y est petite, et c’est un quasi-échec : ce noyau d’habitat est rattaché par la suite (sous Gaston Fébus) au village voisin et plus ancien d’Assat.

Lire la suite : En Béarn après 1300.


Succession des vicomtes du Béarn

La succession des vicomtes du Béarn, et les plans de leurs bastides.

En Béarn, les stratégies territoriales des Moncade (en rouge) et des Foix-Béarn (en bleu) sont différentes. En outre, 3 types de plans sont adoptés successivement : place petite ou absente (en rouge), puis rectangulaire, enfin carrée. (Les dates de création des bastides d’Arzacq et d’Assat restent hypothétiques).